Par Fondation Grameen Crédit Agricole Le 27 avril 2022

Podcasts Banquiers Solidaires : épisode 2

Interview de Andréas BRUNNER, Superviseur Inspection, Amundi
Réalisée par : Mireille de Kerleau, Communications Manager, CACEIS

Lancé par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole S.A. en 2018, Banquiers solidaires est un programme de volontariat de compétences ouvert à tous les collaborateurs du groupe Crédit Agricole en faveur d’institutions de microfinance et d’entreprises à impact soutenues par la Fondation. Voici le 2e épisode de la série de podcasts consacrée à Banquiers Solidaires, le dispositif de volontariat de compétences porté par la Fondation Grameen Crédit Agricole et Crédit Agricole SA. Le premier épisode donnait la parole à Carolina Viguet, Directrice Communication & Partenariat de la Fondation et co-initiatrice de ce programme. Nous avons aujourd’hui le plaisir de recevoir Andreas Brunner, Superviseur Inspection au sein d’Amundi à Paris. Andreas est un Banquier Solidaire. Il a effectué une mission de terrain en faveur d’Oxus au Kirghizstan en octobre 2021 quand il travaillait chez CA Assurances.

Quelques données financières concernant le Kirghizstan. C’est une ancienne république de l’URSS, qui appartient aux pays les plus pauvres d’Asie Centrale. Avec plus de 12% de son PIB dédié au secteur de l’agriculture et une forte dépendance aux extractions minières, l’économie Kirghiz est peu diversifiée et repose en grande partie sur les transferts d’argent venant de l’étranger. Même si des progrès importants ont été faits ces dernières années en matière d’inclusion financière, selon les derniers chiffres disponibles, à peine 40% de la population âgée de plus de 15 ans a un compte auprès d’une institution financière formelle. Les institutions de microfinance tentent de combler ces retards en ciblant notamment les populations rurales exclues du secteur bancaire traditionnel, des institutions comme OXUS Kyrgyzstan que Andreas a soutenue en 2021 dans le cadre d’une mission de Banquiers Solidaires.

Peux-tu, Andreas, nous parler de l’institution et de l’objectif de ta mission ?
Oui, bien Sûr. OXUS Kyrgyzstan est une institution de microfinance avec environ 10 000 clients. Elle est présente dans les différentes régions du pays, à travers un réseau d’une quinzaine d’agences. Elle emploie 130 collaborateurs avec environ 30 personnes au siège qui se trouve à Bishkek, la capitale du Kirghizstan. Par rapport à la mission, il y avait deux objectifs. Le premier c’est d’établir un plan marketing pour l’année 2022 et également un programme de fidélisation de leurs clients.

Si on revient un peu en arrière, comment as-tu entendu parler de la mission et qu’est-ce qui t’a poussé à y postuler ?

Cela commence à dater déjà. En 2019, j’ai eu la chance de rencontrer un ancien Banquier Solidaire qui m’a parlé de sa propre mission et qui me disait qu’il allait y avoir d’autres missions proposées par la Grameen. Il m’a parlé de son expérience et je lui ai dit que j’étais aussi intéressé. J’ai donc contacté la Fondation Grameen qui avait, à ce moment-là, plusieurs missions à proposer. J’ai regardé les termes de référence, c’est une petite description de ce qu’il y avait à faire. Et j’ai tout de suite dit ok, ça m’intéresse, et en plus c’est dans un pays d’Asie Centrale que je ne connaissais absolument pas. C’était donc une bonne opportunité de partir aider cette entité, de me plonger dans le sujet de la microfinance, et en même temps, découvrir un autre pays.

Suite à ça, tu as été sélectionné. Comment s’est passé la préparation de la mission et la mission sur le terrain ?
J’ai passé quelques entretiens pour être sélectionné. Je n’étais pas du tout sûr d’être sélectionné parce que c’est vrai qu’il y avait d’autres personnes qui voulaient également faire cette mission. Une fois sélectionné j’étais super content. Je devais partir d’ailleurs début 2020. Vous savez tous ce qui s’est passé par la suite donc je n’ai pas pu partir en mars. Je ne suis parti que fin 2021 mais la préparation oui…. D’abord, je ne connaissais pas du tout le sujet de la microfinance. Il fallait que je me documente, il fallait que je lise. Il y avait beaucoup d’éléments sur internet pour comprendre les enjeux de la microfinance. Bien sûr, il y a l’aide à l’inclusion financière, ça c’est un peu l’objectif global, et après il fallait comprendre comment ça fonctionne, comment les crédits sont distribués à des personnes qui en ont besoin. Et ensuite, la mission, il fallait la préparer aussi, donc comprendre l’entité. Je leur ai demandé qu’ils m’envoient un certain nombre de documents pour que je puisse prendre connaissance de l’entité, son fonctionnement, son positionnement, ses produits, ses clients, etc … Donc j’ai analysé tout ça et défini un plan de travail. J’ai défini aussi une approche presque de conseil, quelle était mon approche de conseil avec cette entité. Ensuite j’ai présenté cela et je me suis documenté encore avant de partir.

Comment ça s’est passé, ton arrivée dans le pays et les rencontres ? Comment s’est passée la mission sur le terrain ?
Petite anecdote : en arrivant à 2 heures du matin après douze heures de vol, avec aussi un petit stop-over en Turquie, finalement on arrive assez fatigué et, la bonne surprise, normalement il devait y avoir un chauffeur donc j’étais un peu inquiet parce que je ne voyais personne. Mais c’était le directeur général en personne qui est venu me chercher à l’aéroport. Déjà, avec cette arrivée là, nous sommes partis sur de bonnes bases de collaboration sur deux semaines et j’étais dans de bonnes mains.

On a démarré la mission le jour même après un peu de repos à l’hôtel. La première semaine s’est passée très très vite. Il y avait un certain nombre d’entretiens qui étaient planifiés déjà. J’ai rencontré les différents directeurs, le directeur financier, le directeur commercial, une personne qui était en charge du marketing, donc j’ai pu prendre connaissance d’un certain nombre d’éléments. J’ai pu poser toutes mes questions, dont j’avais besoin pour établir un document structuré sur justement l’approche marketing que je voulais apporter à cette entité. Donc la mission de terrain c’est surtout beaucoup d’entretiens, c’est aussi du travail un peu le soir pour remettre tout ça sur papier, et de construire un livrable, plusieurs livrables d’ailleurs.

Comme je disais tout à l’heure, il y avait deux objectifs. Le premier objectif c’était de construire un plan marketing et le deuxième une approche de fidélisation, un programme de fidélisation. Il y avait deux livrables clés. Ces livrables il fallait les construire, les produire. Les livrables je les ai construits en anglais. En fin de première semaine j’ai fait une première restitution en disant voilà, je travaille sur ça, est ce que cela vous va, est ce que l’on va dans la bonne direction ? Ils étaient très contents avec cela et cela nécessitait d’être affiné la deuxième semaine.

La question que l’on se pose quand on t’entend c’est que on se demande comment se passaient les échanges avec les personnes de l’institution et les clients, sachant que la langue et la culture sont très différentes des nôtres.
Oui, tout à fait ! Au siège, j’ai eu la chance d’avoir des personnes qui parlaient anglais, donc c’était plus facile. Par contre, la deuxième semaine j’ai passé quelques entretiens en agence. J’ai pu rencontrer aussi un ou deux clients et là, effectivement, c’est plus compliqué. Heureusement, il y avait une traductrice qui m’accompagnait lors de ces échanges tout au long de la journée, parce que même pour aller déjeuner, par exemple, il fallait soit parler russe ou kirghize. Donc heureusement j’avais cette personne avec moi, parce que c’est que sinon c’est difficile pour communiquer, et c’est vrai aussi que les personnes au siège qui parlent anglais, même parfois pour eux, c’était plus facile qu’eux me répondent en russe et ensuite la personne traduise. Du coup, cela rajoutait éventuellement un peu de temps aussi pour bien échanger, c’était un peu plus long qu’en échange classique lorsqu’on maîtrise la langue, mais c’était très très intéressant.

Donc tu as parcouru un peu le pays, tu as été voir dans d’autres villes et villages j’imagine. Est-ce que tu as eu un peu de temps pour faire une visite de ce magnifique pays ?
Oui c’est vrai que les principaux échanges étaient dans la capital et aux alentours. Et entre les deux semaines de travail, j’ai pu prendre deux jours le weekend pour découvrir le pays. Il y a un très grand lac qui s’appelle Issyk-Koul, qui est un lac qui fait presque 200 km de longueur et 60 km de largeur, donc c’est presque comme une mer.

C’est presque aussi grand que le Luxembourg !
Ces deux jours j’ai fait le tour du lac. Donc cet énorme lac, quand on regarde à gauche on voit une chaine de montagnes, quand on regarde à droite, il y a l’autre chaîne de montagnes. Donc c’est vrai qu’en faisant tout le parcours, tout un petit circuit autour du lac, j’ai pu découvrir ce pays. J’ai même pu dormir dans une yourte, ça aussi c’est une expérience inoubliable. Par ailleurs, j’ai pu voir quelqu’un qui fabrique les yourtes, donc on m’a expliqué comment ça fonctionne. Là j’avais également un guide avec moi. J’ai pu échanger un tout petit peu en russe aussi, parce que j’ai quelques notions de russe. Quand j’étais au collège j’ai appris un tout petit peu donc c’était agréable aussi pour me remettre là-dedans. Comme on disait tout à l’heure, c’est tout à fait une expérience humaine.

Si tu voulais savoir ce que je retiens de tout ça, c’est surtout aussi ces expériences, cette relation humaine, ces rencontres avec les différentes personnes, pas seulement à travers la mission, avec les équipes, mais aussi avec les personnes qu’on a pu rencontrer le weekend en traversant un peu le pays. Un peuple très chaleureux.

Même sans la langue, il y a toujours moyen de se comprendre, avec des gestes, des sourires, des regards j’imagine.
C’est vrai, c’est vrai ! Nous avons pu faire une petite dance locale un soir dans une yourte, dans une grande yourte d’ailleurs, c’était la yourte où on dinait et en fait il n’y avait que des locaux et c’était très difficile pour se faire comprendre mais il y avait le téléphone, il y avait les applications et on mettait une musique et tout de suite ça mettait en confiance et ça permettait de communiquer aussi à travers la musique parce qu’on trouvait des chansons qu’ils connaissaient et …

Un super partage donc ! En écoutant tout ça, ma dernière question c’est, est-ce que tu repartirais en mission ? J’imagine que … oui !
Tout à fait, tout à fait, oui. Tout de suite ! Peut-être pas demain parce que cela se prépare un petit peu mais de toutes façons oui, avec grand plaisir. Le mécénat de compétences est appliquer des connaissances que l’on a et les partager avec d’autres, et ne pas être rémunéré pour ça parce que là tous les jours on travaille, on est rémunérés, c’est notre job. Là, pouvoir le partager avec d’autres c’est gratifiant, ça donne du sens.

Merci, merci beaucoup d’avoir accepté de participer à cette interview. Je donne quant à moi rendez-vous à nos auditeurs pour la prochaine édition de cette série de podcast, consacrée cette fois non pas à un banquier, mais deux, qui préparent actuellement une mission à distance en faveur d’une institution de microfinance en Palestine. A bientôt.

Ecoutez le podcast ici

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