Le 8 novembre 2021
Interview Option Finance: Impact social et environnemental sont indissociables
Le fonds Finance et Solidarité a depuis son lancement en 2012 des ambitions très fortes en matière d’impact…
Avec ce fonds, nous avons effectivement choisi de porter l’impact social à son plus haut, en lui donnant un ADN ancré dans l’économie sociale et solidaire, en nous appuyant notamment sur l’agrément ESUS, et avec la volonté d’accompagner toutes les formes d’entrepreneuriat à impact. Les structures dans lesquelles nous investissons développent un modèle économique et apportent des solutions pérennes et efficaces au service de populations fragiles. 51% des personnes bénéficiaires accompagnées par les entreprises de Finance et Solidarité vivent en-dessous du seuil de pauvreté.
Notre but est de donner accès aux financements en capitaux propres ou en dette à tous les types de structures non cotées ayant un fort impact social et environnemental (45 à l’heure actuelle), afin d’accompagner leur développement à l’échelle régionale ou nationale et, ainsi, de leur permettre de tirer derrière elles tout un écosystème. Notre horizon d’investissement est donc très long. Ceci est possible car les clients du fonds sont des épargnants solidaires et des investisseurs de long terme. Finance et Solidarité, dont les encours atteignent aujourd’hui 410 millions d’euros, avec un objectif de 500 millions d’ici quelques mois, s’appuie en effet sur l’épargne salariale solidaire ainsi que sur quelques grands investisseurs institutionnels.
Quels sont vos principaux axes d’investissement ?
Au-delà des thématiques d’investissement phares – l’accès au logement, à l’emploi et aux soins – de nouveaux sujets montent actuellement en puissance. C’est notamment le cas de l’accès à l’éducation, du bien vieillir, ou encore de l’économie circulaire et de la consommation responsable.
Nous sommes convaincus qu’impact social et impact environnemental sont indissociables. Les changements climatiques et tout ce qui a trait à la transition écologique et énergétique ont des incidences très fortes sur les femmes et les hommes. Prenons l’exemple de la rénovation énergétique. Il y a quelques années de cela, une étude britannique a mis en lumière le fait qu’un euro investi dans la rénovation énergétique des bâtiments permettait une économie de 42 centimes au niveau des dépenses de santé.
Comment l’univers d’investissement a-t-il évolué au fil du temps ?
Il y a dix ans, nous recevions une cinquantaine de sollicitations par an, la plupart émanant de structures de type associations. Aujourd’hui, ce sont plutôt 150 demandes de financement qui nous sont soumises chaque année, la grande majorité provenant d’entreprises, ce qui témoigne de la montée en puissance d’une véritable économie sociale et solidaire.
Le portefeuille est maintenant structuré autour de trois types d’acteurs. Les acteurs historiques de l’économie sociale et solidaire y ont toujours une place centrale. S’y ajoutent aujourd’hui des foncières innovantes - qui proposent par exemple des tiers lieux ou des solutions d’habitat inclusif - et des entreprises oeuvrant notamment sur les nouvelles thématiques citées plus haut et générant un très fort impact social et environnemental. Il s’agit de sociétés plus récentes avec des modèles économiques pérennes et dont les objectifs de retour sur investissement sont comparables à ceux du marché, tout en étant clairement engagées en matière d’impact social. C’est cette dernière catégorie d’acteurs qui tire le portefeuille vers davantage de performance.
La difficulté majeure de l’investissement d’impact, souvent pointée du doigt, est la mesure de cet impact.
Quelle est votre approche en la matière ?
La mesure de l’impact est un élément clé, complément indispensable de l’intention qui caractérise l’investissement à impact. Le processus de sélection de nos investissements se base sur une double analyse : analyse de l’équilibre financier et de la pérennité du modèle de l’entreprise et analyse de l’impact généré, en identifiant avec elle les indicateurs clés qui vont permettre de suivre la progression de cet impact. Il s’agit finalement de créer un véritable alignement entre les motivations des épargnants et des investisseurs et les objectifs d’impact des entreprises.
La mesure d’impact intervient donc à un double niveau : elle nous permet de valider nos thèses d’investissement et aussi de rendre compte à nos clients de la pertinence des investissements réalisés.
Nous avançons progressivement. Dans un premier temps, nous avons calculé le nombre de bénéficiaires pour chaque thématique d’investissement (accès au logement, à l’emploi, etc.). Aujourd’hui, nous mettons en regard dans notre reporting la contribution des entreprises en portefeuille face aux grands enjeux sociaux (par exemple, le nombre de bénéficiaires de logement d’urgence par rapport au nombre de sans-abri en France ou encore la quantité de déchets évités ou recyclés au regard de la quantité de déchets non revalorisés dans l'Hexagone.
L’enjeu majeur de l’analyse de l’impact social est de créer un référentiel pour chaque critère d’investissement, par exemple en définissant une moyenne nationale ou en déterminant l’objectif à atteindre pour être efficace. Nous construisons ce référentiel progressivement, de manière empirique, en mettant à profit l’expertise que nous avons développée depuis 10 ans en matière d’investissement à impact social.